Traité de peinture

Repeindre,
quand l’éclat des peintures est plus triste qu’un ciel de pluie

Que faut-il pour peindre des murs ? Des murs et de la peinture. Bien sûr, c’est un préalable. Mais, sans être un exercice de haute-voltige, quoique, quoique, en cage d’escalier ou plafond cathédrale, cela exige un minimum de technicité, de patience, de gestes répétés sans jamais se lasser.

Voici mon procédé.
J’ai voulu acquérir le matériel. Peinture, pinceaux, palette de couleurs. Simple. Et voilà que le vendeur me demande comment sont mes murs. Verticaux ! me suis-je entendu lui répondre.
– Sont-ils prêts à peindre ?
– Eux ne sont prêts à rien. Je doute qu’ils s’attendent à quoi que ce soit, ai-je murmuré, sur le ton de la confidence.

1er enseignement
Vous pensiez déjà exercer votre fibre artistique, en grandes arabesques colorées. Rengainez vos pinceaux. Il vous faudra poncer, peut-être même appliquer de l’enduit, re-poncer pour préparer vos murs. Et dès que vous pourrez attaquer le sujet en dur, ce sera pour une première sous-couche de blanc sale afin de recouvrir les anciennes couleurs et favoriser l’accroche de la nouvelle peinture. En effet, cette dernière s’accroche, de toute la force de ses petits doigts inexistants. La peinture est-elle composée d’atome de velcro ou de magnésie ?

2eme enseignement
ça y est. Arrive le grand moment. Pas de quoi avoir le vertige, si ce n’est au sommet de l’échelle. Vous ouvrez le pot de couleur, vous mélangez bien les pigments, vous versez un peu de peinture dans un bac et vous y trempez votre rouleau. Et là, deux possibilités :
– le rouleau est neuf et la peinture reste dans ses poils le temps qu’il s’imprègne.
– Le rouleau est encore humide et le risque de voir des coulures sur les murs est réel. Veillez, au préalable, à le rouler sur un chiffon sec ! Plusieurs allers-retours sont nécessaires.

3ème enseignement
Vous auriez tendance à passer, repasser au même endroit car la couche n’est pas uniforme. Faites confiance à la peinture car elle se tend. Pas comme un câble ou un arc, mais comme une matière mystère sans magie. C’est de la chimie, m’a-t-on dit.

4ème enseignement
Vous avez fini de peindre, le pinceau plat pour dégager les angles, le rouleau sur une perche pour le plafond, à bout de bras pour ce qui est à votre portée. Et vous vous extasiez. Attendez donc. Ok, extasiez-vous car vous êtes ravi d’en avoir terminé. Lorsque le lendemain, vous découvrez des traces, soyez certain que la peinture est sèche et les marques tenaces.

5eme enseignement
Consolez-vous en vous disant que vous pourrez toujours pérorer « c’est moi qui l’ai fait », d’un ton plein de fierté qui taira toute critique ; même si par devers vous, ce rayon de soleil ou ce trait d’ombre qui soulignent un défaut, même petit, vous agace, vous attriste.
Prenez vos distances. Pas de vos murs, qu’il est impossible de pousser, mais de ces couleurs immaculées et de ce blanc lumineux. En effet, un pied qui traîne, un aspirateur qui cogne l’abîmeront, un cadre qu’on change de place aura marqué son territoire.
Mais maintenant que vous savez faire, vous pourrez refaire… Ah bon, ça fait déjà 12 ans ?

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Une réponse à Traité de peinture

  1. Je l’attendais. Plus vraie que vraie Je t’imagine sur l’échelle !
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