(Disponible en lecture-écoute dans la rubrique Textes en prompteur)
Gauche était le préposé au violoncelle dans le cinéma muet de la rue Hoche. Gauche était adroit de ses croches, qui s’accrochaient sans heurt aux rythmes du film qui défilait. Il n’avait rien dans la caboche, ni même une ébauche d’idée. Mais dès qu’il saisissait un archer, il décochait des notes sans jamais les écorcher. Gauche avait la gueule de travers, bien amochée par toutes les taloches administrées par son pochtron de père aux yeux féroces, au cœur de roche. Si gauche s’appelait Gauche, ce n’était pas qu’il fut gaucher, mais parce que rien dans sa vie ne filait droit. Sauf le véhicule qui le faucha. Gauche passa l’arme à gauche.