Recherche maison

Jeanne : Nous cherchons un bel endroit, enfin quand je dis bel, je veux dire cossu et spacieux.

Jean : Avec de grandes pièces ouvertes en enfilade.

L’agent : Permettez-moi, mais quand on dit ouverte, on parle généralement de la cuisine ouverte sur la pièce de vie.

Jean : Oui, oui, c’est important la vie, des pièces animées loin de ces maisons-musées aux pièces figées, où l’on n’ose bouger, où l’on ose à peine se faufiler entre des meubles surannés.

Jeanne : Et qui prennent la poussière, ce qui ne fait pas propre. Existe-t-il une matière répulsive à la poussière ? Pas de poussière, pas d’allergie. Je suis allergique à la poussière… au ménage aussi d’ailleurs. C’est d’un commun !

Jean : Je ménage mon ménage par un drôle de manège, mélange de séduction et d’indifférence. Ah chère Jeanne !

L’agent : Vous voudriez combien de chambre ?

Jeanne : Des alcôves, c’est bien aussi. Juste assez d’intimité pour éviter des assauts subis, mais en cas de subite envie, pas de couloir ni de perte de désir.

L’agent : des chambre en enfilade ?

Jean : Moi j’aime l’idée de la chambre partagée…, il vaut mieux avoir la main baladeuse en charmante compagnie, que la main besogneuse dans une désolante turpitude.

L’agent : Dois-je en conclure que vous préférez sans travaux ?

Jean : Vous voyez, nous sommes des épicuriens. L’essentiel est de se sentir bien. Le confort est un luxe dans lequel se relaxer, se prélasser. Mon luxe est de me couper du dehors, du temps qu’il fait, du temps qui passe, et de me plonger tout entier dans une délicieuse parenthèse.

Jeanne : L’ambiance est essentielle. Une musique hypnotique qui vous invite à fermer les yeux en laissant passer un rai de lumière tamisée. Puis un murmure, un parfum qui vous fait ouvrir les yeux, soudain aveuglés de lumière et de beauté.

L’agent : Je note tranquille, lumineux, avec une belle vue. Vous avez d’autres critères ?

Jeanne : Chaleureux. Je déteste ces endroits fonctionnels où chaque chose a… son chacun sa chacune, chaque place a son objet, chaque objet son utilité.

Jean : L’utilité est l’essentiel dont il faut se passer. L’essentiel est le luxe, le confort où l’on se prélasse, un cocon qui invite les autres, les autres qui sont là et gravitent, vous regardent sans vous voir, miroir sans tain de vos humeurs et, soudain, un reflet s’accroche et tout scintille.

L’agent : Vous avez raison, les miroirs peuvent apporter beaucoup de clarté à une pièce. Mais il s’agit là de décoration intérieure. Moi je me concentre sur des critères objectifs : les mètres carrés, l’agencement des pièces, le quartier…

Jeanne : Nous cherchons un endroit spacieux, cossu, discret et facile d’accès.

L’agent : Je résume : des grandes pièces, de la lumière, un quartier calme. Je vous imagine bien dans un quartier résidentiel sans être excentré, dans un pavillon avec un salon avec cheminée, avec de grandes baies vitrées, avec un joli extérieur.

Jeanne : Nous sommes nous fourvoyés ?

Jean : Il semblerait. Excusez-nous, mais en fait nous cherchons une maison close.

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