Il est là, devant la vitrine, éclair au chocolat ou tarte aux abricots ?
Il le sait déjà, mais cette fausse question fait partie du plaisir.
Il entre dans la boulangerie, salutations, toujours les mêmes. Si il n’y a personne, il fait semblant d’hésiter un peu plus longtemps. Sa bouche s’emplit déjà d’un avant-goût sucré.
Il tend sa pièce, prend la monnaie et précautionneusement son petit paquet.
Il rentre chez lui, inspirant fort à chaque pas ; attirer le parfum chocolaté dans son nez, expiration minime pour retenir l’odeur et grand inspiration pour la faire revenir.
Il est chez lui. Moi aussi. Je suis venue prendre la café chez sa mère, mon amie.
Il hésite, puis s’installe avec nous. Il déballe le paquet, toute impatience contenue. Il prend le gâteau, nous regarde, ses yeux brillent. Ses yeux rencontrent les miens et soudain s’assombrissent. Qu’a-t-il vu ? Il hésite, il soupire. Il repose son éclair, me regarde : tu veux de mon éclair ?
Je suis toute chamboulée. Fruit de l’éducation ? Générosité innée ? Qu’aurais-je fait à son âge ? Mais je n’ai plus sept ans, je dois me contenir. Pourtant si je refuse, en prendra-t-il ombrage ? Dévalorisera-t-il son élan de partage ? Je regarde sa mère, son sourire est moqueur.
Il me tend son gâteau, « t’en veux ? » répète-t-il. J’en salive d’envie. Non, non, non, comment pourrai-je priver ce môme de son goûter ? Peut-être un petit bout ? Une petite bouchée, le gâteau est bien gros pour ce petit garçon. Non, je dois me contenter de ce geste tellement beau, et sans arrière-pensée. Je devrais. Je de… La mère et l’enfant ont l’expression perplexe, le sourcil circonflexe. Je…