Il aime le métro à 8 heures, heure de pointe. Il aime le métro quand il y a trop de monde. Il respire les odeurs des femmes ensommeillées, indolentes et offertes. Moins grand que la moyenne, il sent sans se pencher leurs cheveux shampouinés, et leurs cous parfumés. Sa blondeur candide lui offre un alibi, son sourire contrit excuse le contact. Pourtant, à chaque freinage, virage, il exagère le mouvement, et se colle, impudent. Si la dame supporte, n’ose pas s’insurger, il se fait insistant, accentue le frottement. Si un mot, un regard, le remettent à sa place, il déplace son vice vers une autre victime. Parfois, son stratagème échoue, par la faute d’un sac, ou pire, d’un autre. Un importun s’immisce, lui impose son corps, son souffle dans le nez. Il rumine son plaisir contrarié, en attendant le prochain arrêt. Soudain il sent une main s’attarder sur ses fesses, se retourne, reconnaît, dans l’homme qui feint la gêne, cette expression salace, qui de dégoût le glace. Désappointé, il descend du métro, laisse passer l’heure de pointe.
Heure de pointe
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