Une étoile végétale, ou plutôt une constellation brouillonne s’élance, se propage.
Des fleurs impudiques poussent groupées, audacieuses, impatientes de découvrir ce qu’il y a plus haut. Tu as vu ? T’as vu quoi ? Pousse-toi ! Oui, je pousse, moi.
Les ras-de-terre arpentent le sol craquelé, découvrant un terrain âpre, épuisé de sécheresse. Elles le recouvrent, protectrices, égaient son jaune-terre-de-désert de touches roses-rien-de-vulgaire.
Enfin, les solitaires, altières, veulent illuminer l’ombre. Leurs têtes ébouriffées ne tiennent cependant qu’à un fil, fragile, qui les relient au sol qui les nourrit.
Les jours et les nuits passent. Les fleurs fanent et renaissent.
Les jours et les nuits passent. Les fleurs s’épanouissent dans tous les interstices.
Les jours et les nuits passent. Les audacieuses tanguent, instables depuis que le sol s’écarte. Il n’est bientôt plus que creux et arêtes. Les protectrices stoppent leur progression, se morfondent dans un trou trop profond, entraînant les solitaires trop près du sol. Elles s’étiolent.
Les jours et les nuits ont passé. La grande secousse a achevé de briser le sol, terre aride, désolée, esseulée. Ce n’est que désolation en surface. Les fleurs, déracinées, s’asphyxient au fond de la crevasse.
La grand secousse se calme, laisse place à des répliques de plus en plus fugaces. Le sol respire. A chaque expiration il pousse vers la lumière d’autres graines, d’autres pollen. Des fleurs, timides, sortent de terre. Soleil et vent sont des prétendants qui trop tôt les flétrissent. Qu’importe.
La nature, sauvage et dure, endure, perdure.