Je, Tu, Nous

Maison de Dali à CadaquèsJe ne suis plus que Je
Depuis que Tu
As voulu retourner à ton Il
Nous
A coulé, suffoqué, s’est noyé.
Ça me dirait une pizza pour dîner ? Ça me revient, je préfère les sushis. Je commande le menu M1, me sers un verre de vin. Tu te serais moqué. M’en fiche. Je bois à Moi.
Me défaire de ces aspects de Toi,
De Nous,
Ce Nous qui a cessé malgré mes incessantes concessions ; Le sport à la télé, le dimanche canapé, les week-ends casaniers. Terminé.
La bulle de Nous a éclaté.

Je peux, je dois sortir, m’échapper,
Retrouver celles que je côtoyais.
Il y a de nouveau Moi,
Seront-elles encore là ?
Puis-je les aborder, m’asseoir comme si de rien n’était, comme si ma place m’attendait ?
Je rejoins la bande. Certaines en sont parties ; Comme moi, d’autres sont revenues. Quelques-unes ne l’ont jamais quittée.
Il y a Marianne, mariée, maman, divorcée. Trois gamins et une généreuse pension alimentaire qui lui sert à estomper les outrages des enfants, la défaillance du père.
Il y a Marylène, qui y croit à chaque fois, se donne et s’abandonne, qu’on abandonne et qui pardonne.
Il y a Marie, terrifiée et ravie depuis qu’elle viré les hommes de sa vie. L’amour au féminin lui va vraiment très bien ;
Il y a Anne-Marie dont le mari, routier de profession, pêcheur par addiction, est une voix au téléphone. Elle a remplacé l’époux original par une image d’Épinal, son idéal. Elle ne s’en porte pas plus mal.
Il y a Marilou, butineuse et râleuse. Les hommes, elle les consomme ; Les hommes, elle les assomme. Elle exige l’aventure et une histoire qui dure ; Perdue dans ses mirages, elle attend, qu’un amant de passage la demande en mariage.
Et enfin il y a moi. Je les ai vues de temps en temps, de plus en plus souvent. Après le travail, le samedi, tous les week-ends. On est parties en vacances. Vivre en coloc’ ? J’y ai songé.
Il faut que je me rende à l’évidence, j’ai besoin de présences, de rire, de confidences. Je veux être une oreille, une épaule, une main tendue.

D’autres se suffisent. Ils sont leur alpha et leur oméga.
Ils sont je, tu, nous
Ils se passent de il, de vous
De Moi
Ils font fi des avis extérieurs. Pourtant, je ne les envie pas.
Ni altruiste, ni égoïste, je sais que seule, je suis triste.
Il n’y a pas de Je si je ne suis que Moi
Je ne veux pas aider tout le monde. Je ne suis pas concernée par tous les voisins trompés, les collègues licenciés, les commerçants endettés. J’ai besoin d’aimer pour m’impliquer.
Et Toi, tu en dis quoi ?
Que je t’agace ? Au moins je ne te laisse pas indifférent.

On s’est revu et je t’ai plu.
Tu n’as pas pu résisté à ma fragilité. Tu aimes ce que je te renvoie, ta puissance et ma dépendance.
Je suis ton tout, ta moitié, ta portion congrue
Nous me fascine et me façonne
Je ne suis plus ce que j’étais avant
Ni ne me travestis en une autre que moi
J’entre en Nous

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