Un monsieur sur un banc. La cinquantaine bien engagée, voire même la soixantaine dépassée. Les cheveux grisonnants, coiffés en arrière, un peu long dans le cou. Des chaussettes blanches sortant d’un pantalon marron. Aucun compromis avec la mode.
Il émane de lui une nonchalance aux aguets, une sérénité fragile. Les mains sur les genoux, il semble prêt à se lever. Pour accueillir ? Pour s’enfuir ?
Qu’attend-il ? Un RDV galant ? Vous ne pouvez pas me manquer, je serai sur le 3ème banc, un vélo pliant à mes côtés. Un vélo pliant ? Oui, vous verrez, c’est un drôle d’engin comme ceux des jongleurs de cirque.
L’heure de rentrer chez lui ? Cela fait plusieurs mois qu’il est au chômage et il n’a jamais osé l’avouer. Alors il attend, ressasse. Il ne veut pas voir la déception dans ses yeux, de l’avoir dit, de l’avoir dissimulé. Il n’en peut plus de se lever, de s’habiller, de simuler. Vous reprendrez bien quelques annuités ?
Qui est-il ? Un jeune retraité qui réapprend le temps sans tomber dans l’ennui ; qu’il est doux de ne rien faire sans culpabiliser ; qu’il devrait se mettre au jardinage ? Le vert lui va si bien, un verre et tout va bien.
Un solitaire qui médite sur le repos des fleurs et le parfum des âmes ? Qui cogite sur les bienfaits des arbres et la nature défaite ; sur les méfaits des foules et le hauts faits des fous ? Des pensées, des soucis, tout un parterre de réflexion.
Je passe sans lui parler. Je ne saurai jamais. A moins qu’un jour je ne le revois, là, assis sur son banc… Je sais déjà que je ne m’arrêterai pas car je préfère lui prêter 1000 vies.
Très belle photo.
Texte nostalgique, gentil dans l’actualité.