Dans le microcosme de la vie en entreprise, la veste est un vêtement essentiel. Jeanne a construit toute sa carrière autour de cet habit qui, qu’en qu’on en dise, fait souvent la fonction. Pour son entretien d ’embauche, elle a choisi avec soin un blazer noir, sobre, efficace, comme il sied à tout collaborateur de la Direction Administrative et Financière. Elle a aussi peaufiné son discours et a convaincu le Directeur, le Responsable des ressources humaines, son futur manager, car il faut au moins être aussi nombreux pour choisir un comptable. Elle retrousse ses manches et gravit les échelons. Quand des rumeurs commencent à circuler sur de possibles malversations, elle retourne sa veste et taille un costard à son chef. Mais des fâcheux rappellent qu’elle mettait un point d’honneur à être toujours raccord avec lui. Piquée au vif, elle se bat pour conserver sa place. Grâce aux relations intéressées qu’elle a tissées ces dernières années, elle sort son épingle du jeu. Elle réussit même à obtenir le poste laissé vacant, ayant fait valoir des arguments tels que le tombée de veste, et le reste avec. Jeanne, seule femme du Comité de Direction, exulte. Elle déroule sur tapis rouge son ambition, en découd avec tout importun qui entrave son ascension, manie avec dextérité les revers de carrière et les promotions. Un jour d’avril, un stagiaire arrive. Et même s’il est conseillé de ne pas se découvrir d’un fil, Jeanne ne peut s’empêcher de le déshabiller du regard. Elle minaude. Il esquive, elle insiste. Il se désiste, elle persiste. La fin est cousue de fil blanc : Elle se prend un vent, une veste, un blâme pour harcèlement.
La veste
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