Elle avançait, fébrile, fixant son mouvement, ce va-et-vient qui la faisait chavirer. Il reculait, elle se tendait, il avançait, elle l’attendait. Elle retenait sa respiration pour mieux sentir son souffle lui ébouriffer les cheveux, lui caresser la joue. Elle entrouvrait la bouche pour le goûter, mélange de gaufre et de fumée. Elle avalait. Elle respirait profondément pour aspirer les dernières particules, que la saveur devienne odeur. Elle voulait s’imprégner de lui, s’abandonner à sa promesse. Elle fermait les yeux pour mieux l’imaginer là, présent, remuant, gémissant au rythme des bascules. Elle sentait son propre corps vouloir se balancer, adopter la cadence. Et d’un seul coup, surprise comme à chaque fois, elle entendit les cris, cris de plaisir à l’unisson. Mais elle, n’avait pas crié. Rien n’avait explosé dans son ventre ni dans sa tête. Si elle était groggy, ce n’était que de la fulgurance de la déception. L’air se fit âcre et les grincements irritants. Elle savait pourtant, c’était la troisième fois de la journée. Il ralentit, s’immobilisa. Elle le regarda, ne put s’empêcher désirer y monter. Elle tendit son coupon, sésame de plastique obligatoire, déjà dans un état second. Elle s’incorpora dans le siège encore chaud des fesses précédentes et saisit à pleines mains le harnais de sécurité qu’elle abaissa jusqu’à le sentir contre sa poitrine. Le manège démarra. Un coup en arrière, accélération progressive ; Un coup en avant puissance maximale. Elle chavira, la tête en bas.
Bascules
Taggé corps, plastique.Mettre en favori le Permaliens.