J’attends le RER B à Châtelet-les Halles. Il est annoncé à 18h17, dans cinq minutes. J’ai de la chance, l’attente ne sera pas longue. Je lance un jeu sur mon téléphone, passe-temps futile et addictif. Je lève la tête, le train est maintenant prévu à 18h21, un saut dans le temps comme un mirage, un retard camouflé par l’absence de message. Je soupire. Des passagers s’agglutinent bien au-delà de la ligne jaune sur le sol, bien trop pressés de rentrer pour être prudents. 18h21, le train est annoncé « à l’approche », puis « à quai ». Nous avons beau écarquiller les yeux, aucune rame ne stationne. Certains se penchent pour tenter de deviner une lumière dans le tunnel, d’autres filment l’écran, le train-fantôme, le quai bondé. Des murmures incrédules, ironiques, agacés courent de voyageur en voyageur. L’écran affiche le prochain train à 18h45. Les exclamations montent d’un ton : On se moque de nous ! On veut rentrer chez nous ! Que va dire ma nounou ! Les usagers de la ligne B, déjà fatigués de leur journée, continuent à affluer. Un train arrive. On joue des coudes et du sac pour être de la cohorte qui se hisse et s’entasse, pour être de ces soi-disant chanceux en route vers leur chez eux. Dans cette lutte sournoisement féroce, je n’ai pas réussi à m’imposer. Je reste à quai.
A quai
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vive la vie à la campagne.
Les transports en commun sont une source inépuisable de stress. Et d’inspiration.
Un joli résumé de la vie dans les transports.