Jouer est la première activité non vitale de l’existence. Jouer est un plaisir enfantin, sans limite ni double sens. L’enfant s’invente des vies, des personnages. Il apprend en s’amusant. Et puis l’enfant grandit et le jeu se pervertit. Jouer à la guerre pour tenir l’autre en joue. Jouer à l’amour pour tenir un autre sous son joug. Se jouer des autres pour dominer. Jouer n’est plus une activité de plaisir, le but du jeu, du je, mais le moyen de parvenir à quelque chose, rien ou n’importe quoi, le moyen de devenir quelqu’un, personne ou n’importe qui. Jouer au casino pour gagner facilement de l’argent ; jouer à pile ou face pour ne plus décider ; jouer, même faux, la mélodie du bonheur, ça assourdit l’ennui et couvre le malheur. L’adulte ne construit plus son « je » par le jeu, mais se perd dans un personnage abusant de gadgets, jouets supposés jouissifs mais suintant le conformisme. L’adulte se déconstruit en jouant à être comme les autres.
Jouer, un divertissement ?
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